Les raisons d’angoisser ne manquent pas :
- Événements météorologiques extrêmes,
- Forêts ravagées par des incendies,
- Sécheresses,
- Risque de pénuries alimentaires,
- Disparition des espèces,
- Raréfaction des ressources,
- Pollution de l’eau et des sols,
- Omniprésence des pesticides et des microparticules
Le changement climatique et son cortège de conséquences sont désormais palpables, en France et dans le monde.
Malheureusement, notre planète sera beaucoup moins habitable d’ici la fin de ce siècle. Chaque nouveau rapport publié par les scientifiques nous le confirme.
Ces bouleversements vous effraient ? Vous êtes profondément préoccupé(e) par les conditions de vie futures de nos enfants ? Et petits-enfants ? Jusqu’à en faire des cauchemars ou des insomnies ? Alors vous êtes sans doute sujet(te) à l’« éco anxiété », terme popularisé ces dernières années dans les médias.
De fait, jeunes comme moins jeunes, nous sommes de plus en plus nombreux à ressentir les effets de l’éco-anxiété ou « angoisse climatique ». Mais comment la définir ? Peut-elle être qualifiée de maladie mentale ? Et comment faire face à cette « éco-émotion » pour qu’elle ne porte pas atteinte à notre santé psychique ? Voici des éléments de réponse.
L’éco-anxiété : définition
Une première définition de l’éco-anxiété
Alors que tout le monde en parle depuis déjà plusieurs années, l’écoanxiété est encore mal reconnue dans la littérature.
Ce n’est que depuis le 23 février 2023 que le (Petit Robert)[https://dictionnaire.lerobert.com/definition/ecoanxiete] donne une définition de l’écoanxiété :
Anxiété provoquée par les menaces environnementales qui pèsent sur notre planète.
Jusqu’alors, aucun dictionnaire généraliste n’en donnait de définition.
Elle n’est pas plus reconnue pour l’instant pour de grandes organisations internationales telles que :
- le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC),
- l’Organisation mondiale de la santé (OMS)
- ou encore le Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE)
L’étude de ce phénomène est encore trop récente pour que ces organismes n’en fassent mention sur leurs sites internet. Pourtant, tout le monde en parle depuis des années sur les réseaux sociaux, et cette question intéresse les psychologues partout dans le monde.
On trouve cependant une définition de l’eco anxiété sur le dictionnaire en ligne La langue française, qui la décrit comme tel :
« anxiété provoquée par l’anticipation de modifications écosystémiques provoquées par l’humanité. »
C’est à Véronique Lapaige, médecin de santé publique belgo-canadienne, que l’on doit l’invention du terme en 1997.
Elle définit l’éco-anxiété comme « un mal-être identitaire dans un contexte de bouleversements environnementaux ». Pour elle, il s’agit d’une réaction normale. Surtout face à la multiplication des événements dramatiques. Car ils sont liés à des conséquences locales et globales des activités humaines.
L’éco-anxiété surgit en anticipation de la catastrophe climatique annoncée. Elle diffère en cela de sa sœur jumelle la « solastalgie », notion forgée par le philosophe de l’environnement Glenn Albrecht . La solastalgie se rapporte à un malaise face à ce qui a déjà été perdu. Le chercheur a en effet étudié l’impact des bouleversements liés à l’industrialisation sur la santé mentale des habitants d’une région d’Australie. Il a montré combien ceux-ci se sentaient étrangers à leur nouvel environnement. Il les compare aux aborigènes, nostalgiques de leurs cultures et traditions disparues.
Éco-anxiété : non, ce n’est pas une maladie
Le terme éco-anxiété est passé dans le langage courant.
Pourtant, la prise en considération du phénomène en tant que pathologie ne fait pas consensus dans le monde médical. Ainsi, dans leur livre Les émotions du dérèglement climatique, les psychiatres Antoine Pelissolo et Célie Massini affirment qu’aujourd’hui, « il ne s’agit ni d’un syndrome, ni d’un diagnostic psychiatrique ». À ce titre, l’écoanxiété n’apparaît pas dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), outil de classification de référence dans le monde.
L’Association Américaine de Psychiatrie (APA), éditrice du DSM, a tout de même évoqué une fois l’éco-anxiété. Dans une étude de 2017 à propos de l’impact du changement climatique sur la santé mentale. Celle-ci y est qualifiée de « peur chronique d’un désastre environnemental ».
L’association RAFUE considère que l’éco-anxiété dépasse largement le périmètre de l’anxiété.
L’éco-anxiété ne se manifeste pas uniquement par de l’anxiété, mais aussi par une large gamme d’émotions, dont les principales sont la colère, de la tristesse, de la culpabilité, un sentiment d’impuissance, etc.
Plus récemment, en France, l’Inserm a témoigné de l’intérêt porté au sujet par le monde académique, tout en rappelant que l’angoisse climatique ne peut pas être considérée comme une maladie mentale. De nombreux chercheurs mettent même en garde contre une pathologisation des éco-émotions. Car, elles relèvent d’abord d’une réponse normale et saine à une situation objectivement alarmante. Dans La Revue Médicale Suisse, le Docteur Bertrand Kiefer s’est même insurgé contre la médicalisation du phénomène. Il estime que « ce n’est pas l’éco-anxiété qu’il s’agit d’introduire comme nouvel item dans le DSM, mais l’éco-indifférence ».
Pourtant certaines personnes, n’expriment aucune peur et il n’est pas nécessaire d’en ressentir pour avoir envie d’agir. Chaque personne est différente et réagit avec ses spécificités.
Selon Bertrand Kiefer, « l’état d’éco-anxiété n’est pas qu’une souffrance ou une sidération : c’est aussi une juste perception de l’absurde. »
C’est un point de vue que nous partageons, l’écoanxiété est normale dans notre situation mondiale.
Un angoisse qui mérite qu’on s’en occupe
Ces éléments devraient vous convaincre, si vous souffrez d’écoanxiété, que vous vivez quelque chose de « normal » et « logique ». Ce sont les situations politique, mondiale, écosystémique et climatique qui dégradent votre santé mentale et votre bien-être.
Vous devez cependant prévenir une évolution dépressive. Pour cela, il est donc important de reconnaître quand l’écoanxiété déborde et prend trop de place dans votre vie. Elle peut être agravée par un trouble anxieux qui mérite d’être traité, avec l’appui de professionnels à la fois qualifiés et sensibilisés à l’éco-anxiété. Pourquoi ? Pour que votre éco-anxiété ne soit pas confondue avec un trouble anxieux ou un syndrome dépressif au cours de la thérapie.
Plus largement, nous aborderons le sujet des angoisses dans un prochain article.
L’écoanxiété, un phénomène de société
Une réponse à la situation écologique
Les premières alertes remontent maintenant à des décennies. Pourtant, ce n’est qu’en 2010 que le dérèglement climatique et l’érosion de la biodiversité ont véritablement émergé comme des sujets majeurs.
Aujourd’hui, la gravité de leurs effets devient de plus en plus concrète. Même en France, où l’on nous annonce à présent un possible réchauffement de 3,8°C en 2100. De telle sorte qu’aussi dérangeante soit-elle, la situation permet de moins en moins de se réfugier dans le déni.
Dans ce contexte, comment s’étonner que de telles anticipations génèrent chez un nombre croissant de personnes des sentiments négatifs, allant de l’inquiétude à la colère ? Si l’angoisse climatique est devenue un phénomène de société, c’est bien parce que la réalité de la crise écologique est devenue incontournable.
Éco-anxiété agravée par la sur-exposition médiatique
La lenteur de la prise de conscience du péril climatique est aussi attribuable aux médias. Jusqu’à récemment, le sujet était le parent pauvre de l’information généraliste. Les grands organes de presse en parlaient peu, ou souvent sans associer les événements traités à leur cause profonde.
À titre d’exemple, le site Youmatter _relève que sur les « 130 000 articles affichés entre le 1er et le 9 janvier 2018 par l’outil d’actualité de Google sur la tempête Eleanor, un peu moins de 700 intègrent les mots réchauffement climatique ».
Et ce alors qu’il existe un large consensus au sein de la communauté scientifique sur le lien entre le réchauffement et l’intensification de phénomènes tels que ces tempêtes.
Cependant, avec la multiplication des épisodes météorologiques extrêmes, la surface médiatique occupée par les questions climatiques a tendance à augmenter. Ainsi, des médias généralistes plus habituellement portés sur les reportages façon carte postale commencent à se pencher sur l’éco-anxiété, à l’image de la chaîne TF1. Faut-il en conclure pour autant que cette récente couverture médiatique joue un rôle dans le développement de angoisse liée à la dégradation de notre écosytème ? La réponse n’est pas simple, mais des pistes émergent. Des études montrent que les communications sur la crise écologique peuvent être anxiogènes lorsqu’elles nous renvoient à un sentiment d’impuissance.
La déconnexion médiatique est parfois un recours qu’il faut envisager. Il est normal d’être confronté à un sentiment d’impuissance lorsque l’on est chaque jour exposé à de mauvaises nouvelles. Surtout si vous êtes lucide sur la situation écologique et que les invités de toutes les chaînes adoptent un discours climatosceptique.
Vous pouvez aussi décider de vous exposer à des nouvelles locales, elles bénéficient d’un traitement médiatique de meilleure qualité et donnent souvent de nombreuses pistes pour agir. Vous projeter dans des actions sur votre territoire peut réduire le sentiment d’impuissance. De nombreuses associations existent autour de vous et elles ne seront jamais présentées dans les média nationaux.
Eco-anxiété : passer de l’impuissance à l’action
Ce sentiment d’incapacité à peser sur le cours des événements est une cause manifeste de l’écoanxiété. Très porté sur le changement de nos habitudes de vie, le discours politique multiplie les appels à la responsabilité individuelle.
Pourtant, nous savons que les réponses au défi climatique dépassent largement notre pouvoir d’action personnel. Elles relèvent de grands choix politiques, énergétiques et industriels.
Dans ces conditions, les injonctions à la responsabilité individuelle peuvent êtes nocives. Elles peuvent nourrir un sentiment d’impuissance et l’écoanxiété. C’est sans doute l’une des causes des succès d’édition rencontrés par les ouvrages dédiés à la « collapsologie ». Ce courant de pensée qui envisage les risques et conséquences d’un effondrement de notre société. Dans le sillage de l’auteur à succès Pablo Servigne, les collapsologues nous invitent en effet à un cheminement intime et collectif. Notamment pour accepter l’échec probable de la lutte contre le changement climatique et nous préparer à de nouvelles conditions de vie. Comme pour nous aider à faire face l’éco-anxiété en nous projetant dans un monde d’après.
Là encore, de ces reflexions collectives émergent des initiatives citoyennes autour de vous. S’impliquer dans ces initiatives peut leur donner le poids dont elles ont besoin pour bouger leurs pions sur l’échiquier politique local. De plus, fréquenter d’autres personnes qui partagent votre vision du monde et mener des actions collectives peut vous aider à donner un nouveau sens à votre quotidien. Cela peut-être également une nouvelle source de bien-être.
Comment faire face à l’éco-anxiété ?
L’angoisse est justifiée par le contexte sociétal. Pourtant, si elle vous paralyse, vous devriez rencontrer des psychologues sensibles à cette question. Cette entrave dans votre quotidien, liée à votre sentiment d’impuissance, doit être levée pour vous remettre en action.
Vous avez donc deux axes de solution qui s’offrent à vous pour ne plus subir l’éco-anxiété :
- Apprendre à réguler l’angoisse : l’axe thérapeutique a pour but de vous aider à mieux vivre avec vos émotions. Nos psychologues sont qualifiés pour vous accompagner, vous soutenir et vous proposer des outils pour vous apaiser et déployer vos potentiels.
- Résoudre le sentiment d’impuissance : notre programme Explorateur est là pour répondre à ce besoin de se révéler. Nombre d’entre nous sont écrasés par les injonctions sociétales, à tel point que nous oublions nos potentiels et la puissance du collectif. Découvrez notre accompagnement par une équipe et les activités proposées pour vous permettre d’être davantage en accord avec vous-même et de retrouver votre pouvoir d’action.